samedi 7 décembre 2013

Que se passe-t-il au pays des droits de l'homme ?


 
Il y a quelque chose de pourri
Au royaume des droits de l’homme

Quelle mouche les a piqués
Pour ne pas voir plus loin
Que le bout de leur nez

Parce que leur pouvoir d’achat
Et leurs paroisses
Menacés

Ont-ils oublié
Tout ce que le passé

Plus jamais ça
Combien de fois
N’a-t-on pas dit ça

Plus jamais ça
Certitude de l’instant
Face à l’horreur du vivant

Sous la peau des mots
Le bruit des bottes

Premiers pas

Dans la paix apparente des rues
La haine monte

Ils n’ont plus honte

La différence
Une nuisance

Du venin
Que distillent les tribuns

Vieux démons

Hier encore
Dans les malles

Aujourd’hui
On déballe

Banalité du mal

Pouvoir d’achat
Tout ça pour ça

Ecrans plats
Aux couleurs
Black blanc beur

Sous le maillot
Ils en oublient les peaux
Seulement la victoire du drapeau

Il y a quelque chose de pourri
Au royaume des droits de l’homme

Indignez-vous
L’héritage d’un sage

Mais méfiez-vous
Souvenez-vous
Pour qu’aucun
Jamais
Ne ressuscite

Pouvoir d’achat

Bien sûr il faut vivre
Bien sûr ils abusent

Ni se taire
Ni se laisser faire

Mais attention
Prémonition

Sournoise
Confusion des émotions

Il y a quelque chose de pourri
Au royaume des droits de l’homme

S’éveillent les vieux fantômes
Enfants de la patrie

Allons enfants
Le jour de la disgrâce
Serait-il arrivé

Que faisons-nous
De tous ces combats
Qui nous ont donné
Ce droit de l’homme

De toutes ces mains
Qui nous ont aidés
À prospérité

Avons-nous oublié
Notre passé

À l’ombre de nos cités
Ne dorment pas
Les pestiférés

Allez marcher dans les beaux quartiers
Et vous verrez
Le visage des meurtriers
À tous boursicoter

Eux aussi s’affichent
Ils s’en fichent

De tous ces ventres qu’ils affament
Pour leurs soirées vacuité

Il y a quelque chose de pourri

Il semblerait qu’on l’ait déjà dit


samedi 16 novembre 2013

"Les amants irradiés" - Extraits


(...)

Qui aujourd’hui se souvient
Des amants irradiés
De Kenzaburô Ôé

Qui en ces temps
Où Fukushima
Pense encore à Hiroshima

Comme si tout cela
N’existait pas
Pour tous ceux qui n’y sont pas

Comme si tous ceux
Qui voulaient se souvenir
Les anges du pire

(...)

Dis-moi Hiroshima
Si ces mots inventés

Dis-moi Hiroshima
Que tout cela
N’a jamais été

Peut-être alors
Vais-je rester

Et toi
Fukushima

Dis-moi
Si ça peut m’arriver
Aussi à moi

Et j’entends s’ouvrir
Les pages des livres 
Et toutes à me dire
En un seul soupir  

Un jour
Une à une
Toutes les amazones de la toile
S’éteindront en un seul éclair
Sous la volonté incontrôlée
De la fée électricité

Et c’est dans cette obscurité
Que s’illumineront les lampions
De toutes ces âmes qu’elles ont tuées
Et dans une immense ronde
Elles s’uniront aux étoiles
Pour écrire sur la voie lactée
Tout ce que la lumière

(...) Extraits du chapitre "Les amants irradiés" (le testament du libraire) 


                                                                   *****
(...)

La jeune fille
N’avait pas le teint des hibakushas
Il chercha à dissimuler le sien

Le visage penché vers le sol
À juste lever les yeux
Pour la regarder

Cette posture
La fit sourire
Puis éclater de rire

Aucun
Avec ce regard là
En faisant cette tête là
N’avait poussé la porte de son magasin

Ensemble
Ils rirent
Et le jeune homme
Cessa de penser au pire

Une rémission
Ça peut tenir bon

Il voulait acheter un disque
Mais ne savait lequel

Il y avait si longtemps
Il n’était plus à la page

D’où venait-il
Pour ne pas connaître
Les tubes de l’été

Il était si jeune
Quand ça a commencé

Il n’a rien dit de plus
Mais sa voix venait de si loin
Qu’elle donna à la jeune fille
L’étrange impression
Qu’il parlait pour plusieurs

Comme un porte-voix
Venu d’ailleurs

Ils avaient pourtant presque le même âge
Elle aussi était d’Hiroshima

(...)

Dans la ville d’Hiroshima
Les enfants se sont aimés
Les enfants ont oublié
L’étrange décor qu’ils traversaient

Mais pas les corps
Le médecin qui le suivait
Lui avait dit

Ce n’est qu’un répit


(...) Extraits du chapitre "les amants irradiés"

mercredi 13 novembre 2013

Les roses pivoines de Fukushima

Il était une fois la terre

Comment va la terre ?

Elle est morte demain

Sous quelles mains ?

L'esprit humain








                                         Photos - Patrick Hörl
                                  Futaba - Zone interdite de Fukushima - novembre 2013


                                                                   *****


Quelqu’un marche sur une terre

Autrefois
Un monde

Désolation
Contamination

Des pas emmitouflés
Traversent

Sur le chemin
La nature continue
De hurler sa présence
En l’absence des hommes

Les pas s’arrêtent

Magnificence
Des fleurs blanches

Souvenir des roses

Celles-ci ont poussé
Sans qu’aucun jardinier

Réacteur nucléaire
Pulsions de la terre
Dans les veines d’un sol
À la beauté fragile
Versatile

Trompe-l’œil du vivant
S’offre des moments de joie
Sous les rayons d’un soleil ardent

Pivoines endormies
Dans les traits d’une rose

Le jardin de l’enfance

Pas une seule ne murmure

Noli me tangere
Sinon tu vas sombrer
Noli me tangere
Peut-être
Moi aussi

Oraison funèbre
Des chairs en velours blanc

Pétales immaculés
Douceur oculaire
D’une grâce insidieuse
Respirent à pleins poumons
Ce qu’autrefois la vie

Désir de lumière
À semer l’obscurité

Héritage des pères
Qui croyaient tout savoir
En remplissant leurs réservoirs

Il était une fois la terre

Le jardin d’un éden
Où l’homme
En sa semence uranium


jeudi 7 novembre 2013

Rüdiger Fischer, Poète, traducteur, éditeur…lorsque s’éteignent les passeurs...l’héritage de la lumière



Le silence…Un profond silence. Les mots ne savent plus dire lorsque s’éteint la vie.

Je viens de l’apprendre…C’était pourtant il y a déjà quelques mois !

Je n’ai rencontré qu’une seule fois ce magicien des mots, cet amoureux des vers, ce musicien des lettres. C’était en 2011 au marché de la poésie, place Saint-Sulpice à Paris.

Cet instant a suffi pour que mon recueil devienne sa partition allemande. Pour l’amour des mots dans le silence des peaux.

J’aurais tellement aimé qu’il devienne mon éditeur…mais je suis arrivée trop tard dans sa vie de passeur. En ces temps où la poésie si peu entendue…il en accompagnait tant déjà.

Traduire. Sa façon de me dire, sans jamais renoncer.

D’un texte l’autre. Sans hésiter il a repris sa plume et donné une seconde vie à une œuvre nouvelle. « Encore un jour, l’éternité » est devenu « Noch ein Tag vor der Ewigkeit ».   

Il n’a pas pu aller plus loin…Il m’a alors parlé de l’irréversible. J’avais la certitude que tout pouvait revenir...comme avant. Naïveté de l’espérance à croire que la sincérité de nos croyances…une guérison.

Il n’a pas répondu à mon dernier mail…

La dernière fois que je suis allée sur son site pour avoir des nouvelles de son silence…seuls ces mots « Wir bleiben ewig, solange lebt, wer uns geliebt hat »..."Nous sommes éternels/tant que vit/qui nous a aimé" (traduction - Martin Ziegler).

lundi 4 novembre 2013

Notes de Chine - L'armée de soldats de terre cuite - Xian le 26 octobre 2013

Esquisses d'un carnet :

Lorsque la mégalomanie frôle la grâce
L'instant
L'éternité

La terre
En son offrande silencieuse
















 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 Photos : Michèle Gautard


samedi 5 octobre 2013

Les amants irradiés

Fin septembre 2013, s'achève l'écriture d'un nouveau roman "Les amants irradiés". Il raconte l'histoire d'Emma M.   
 
Emma écrit depuis la nuit des temps. Sur une page, rien ne peut lui arriver. L’écriture comme une mansarde qui la protège des dangers du monde. Comme autrefois son grenier d’enfance.

Sa rencontre avec Hans fait radicalement bouger ses lignes les plus profondément ancrées. Hans devenu l’absent à jamais présent. Tel Ulysse, à finir par le devenir. Pendant ce temps des prétendants. Pour les tenir à distance, elle écrit des livres. Un à un, le fil qu’elle tisse. Un rempart, mais aussi le seul lieu où elle peut le retrouver.

Devenue un écrivain à succès, elle est là où elle voulait être. Persuadée, que c’est sous les feux des projecteurs qu’il lui reviendra.  

Un événement va bouleverser sa vie à la faire revenir sur des pas anciens.

Peu à peu le dédoublement de l’être, de la plume, à faire disparaître le corps dans les eaux troubles où autrefois Narcisse.

 

vendredi 16 août 2013

"Au bord des choses"... d'un pas l'autre


"Au bord des choses"...en son cheminement.
Après une première lecture de ces poèmes en mars 2011 à l'Institut français de Berlin et leur publication dans le Journal des Poètes bruxellois (Maison internationale de la Poésie - Arthur Haulot) en janvier 2012, la revue en ligne Recours au Poème (www.recoursaupoeme.fr) en publie quelques morceaux choisis dans leur numéro 63 du mois d'août 2013.

dimanche 2 juin 2013

Où sont passés les penseurs, les passeurs...



Où sont passés les penseurs
Et tous ceux qui faisaient nos grandes heures
 
Dans les librairies
Il y a encore des livres
En ces temps où l’image
 
Images dégoulinantes
Exhibant sans distinction
Le public
Le privé
 
Comme si le monde entier
Dans le même drap vautré
 
Mimétisme des pages
Ressembler à l’image
 
Dans les librairies
Il y a encore des livres
 
On devrait s’en réjouir
 
Où sont passés les passeurs
Autrefois éditeurs
 
Aujourd’hui
La plupart
De simples entrepreneurs
 
Derrière leurs étals
Un à un
Ils déballent
Tout ce que le public
À faire croire qu’il réclame
 
Spéculation
Sur la moindre éjaculation
 
Grandeur nature
Quelques-uns s’encanaillent
Dans le tripot des mots qu’ils impriment
 
À laisser
Une étrange
Et troublante
Impression
 
Et pendant ce temps
Les bus des grandes villes
Portent ostensiblement
Sur leur flanc
Les stigmates du dernier best-seller
 
Mondialisation
Communication
À l’unisson
 
Et le poète à rêver
De la maturité d’un monde
Où les vers
Comme les pensées des philosophes
À leur tour
Un jour
Sur le flanc des bus
À nous dire
Que le monde a changé
Que les cloisons sont tombées
Que la profondeur
N’a jamais eu peur des projecteurs
 
Arrêt sur image
Autrefois
Gutenberg
 
Mémoires anciennes
Où sont passées tes belles traces
En nos jours trash
 
Dans les caniveaux
Le reflet des cigognes
Qui vers leur printemps
 
Sur les trottoirs de la ville
Il y en a tant
Vers d’autres tourments
 
Et le soir dans les salons
À la lumière des télévisions
La tentation de lire
Le goût du jouir
 
S’éteint la vie
 
Où sont passés les éditeurs
Autrefois des passeurs
Où sont passés les penseurs
Qui faisaient nos belles heures
Derrières tous ces leurres
Qui sous les projecteurs