« Qui laisse se perdre une liberté aujourd’hui ne
la retrouvera pas demain »
(Edwy Plenel)
En France, comme en Europe, lentement le fossé s’est
creusé entre les peuples et les élites. Enfermés dans leurs bulles, aucun cri
ne leur parvenait. Ils étaient à la barre. La tenait fermement. Bâbord.
Tribord. Mauvais capitaines crochet. Les peuples pouvaient bien protester,
seules les lois du marché, de la finance. Petits arrangements entre amis. D’un
poste l’autre. Chaises musicales. Funeste partition pour les peuples. Un à un
touchés. Sacrifices demandés…Requiem ! Et pendant ce temps…leurs paradis
fiscaux. Vive les lanceurs d’alerte ! Quelques tsunamis sur leurs rivages.
Fini les enfants sages.
La gauche française ne pouvait pas manger de ce pain-là !
Naïveté. Non. Elle allait résister, redonner…Faire au moins quelque chose…Non !
Elle aussi a fini par sombrer. Par devenir un valet. Et là, le monstre s’est
réveillé, s’est mis à vociférer. La haine s’est engouffrée.
Sécurité
La magie des barbelés
Quand la gauche s’éteint
Le fascisme n’est pas loin
Citoyens
Nous le sommes toujours
Nos valeurs
Simplement usurpées
Intactes
À l’intérieur
Nos rêves
Un peu ébranlés
Voter utile
Nous l’avons tous fait
Trahis
Nous l’avons tous été
Grisés par le pouvoir, nos dirigeants ont fini par
oublier qu’ils n’étaient que locataires !
En France, le roi soleil s’est réincarné, là où on ne
pouvait l’imaginer.
Un seul regard en son miroir…Il était déjà trop tard.
Certitude que la mécanique du vote utile marchera
toujours.
Avant tout la raison.
Au-delà, l’inconnu.
Et lorsqu’il y eut le frémissement d’un danger…Ils ont
lâché les chiens. Surfé sur la vague populiste…jusqu’à l’écume.
Comme autrefois, une partie du peuple s’est laissée
enivrer par les sirènes venimeuses…Oui, autrefois déjà là !
Non. Ici, c’est la terre d’accueil. Le pays des droits
de l’homme. Pas de ça chez nous. Nous les vainqueurs. Déclamations, à masquer
les années sombres de la collaboration, celles de la colonisation. À faire
oublier que ce sol est devenu sécuritaire et que des camps de misère parquent
tous ceux dont on ne veut pas voir la silhouette étrangère envahir nos rues.
Le drapeau de la nation…L’étendard derrière lequel
tout peut se passer…en toute légitimité. Tous s’en emparent. Lui le premier. Lui,
qui voit un à un s’éteindre ses rayons à force de nous prendre pour des cons.
Mimétisme déconcertant, inquiétant, pour tous ceux qui
lui avaient remis les clés. Il ne parlait pas cette langue là, il y a à
peine encore autrefois ! Les chiens aboient. Le sien tente de crier plus fort.
Etat sécuritaire. Manifestations interdites. Une dame sort des lunettes de son sac.
La police la matraque. Les jeunes manifestent pour leur avenir. La police
frappe, frappe, frappe cette jeunesse qui ne veut rien d’autre que de vivre décemment,
libre et en démocratie comme hier leurs parents.
Déchéance de la nationalité pour tous ceux. Non. Décidément,
il y a quelque chose de pourri au royaume de…Non. Au pays des droits de l’homme…Ah !
Qui aurait imaginé, il y a encore, à peine quelques
années, que tout cela…réalité !
Le fascisme en France ? En Europe ? Un vieil
épouvantail auquel personne ne croit…Juste pour faire peur. Rien de plus. Même
pas mal. Tout se rétablit avec le vote utile.
Et pourtant, qui croyait au Brexit !! Et la
suite… ??
Alors imaginons demain où un matin l’Europe se
réveillerait avec des dirigeants populistes ! Chacun se claquemurant
derrière son rideau de fer. Mêmes idées vacuité en bandoulière. Que s’y passerait
il ?
Ah ! Si j’avais su ! Mais tu as pourtant été
prévenu !! Regarde le Brexit et ses suites ! Pas de programme, juste
la haine…ensuite…la débâcle.
Quand il sera trop tard et que seul le souvenir de
leur colère deviendra la honte de tous ceux qui ont eu la faiblesse de céder à
la tentation machiavélique du populisme, qui tel un mauvais phénix, que
diront-ils ? C’était un raccourci. Juste pour leur faire peur. Piètre
catharsis !
Et de la force des leurres, il ne restera plus
que les yeux pour pleurer ou les armes à prendre pour défendre les droits et
les libertés. Accablantes réalités.
Imaginons une nouvelle fois, pour tous ceux qui n’y
croient toujours pas, ce que donnerait en France l’extrême droite au pouvoir,
alors que sous un gouvernement « dit de gauche », l’instauration d’un
état policier en fausse légitimité s’installe à perdurer ! Imaginons
une fraction de seconde l’arme nucléaire en de pareilles mains ! La
presse, la culture…J’entends déjà les braises crépiter…L’autodafé de tous ceux
qui dans la nostalgie ! Arrêt sur image. Arrêtons ce naufrage.
Non. Ce n’est pas un scénario catastrophe. Au siècle
dernier, qui pouvait imaginer que tout cela allait conduire là où nous savons.
Si la France et l’Europe prennent ce chemin…demain il
y aura d’autres wagons…
Ne laissons pas une nouvelle fois l’histoire nous
entraîner dans la honte d’un temps où le cycle des mauvaises saisons deviendra
inévitablement une terrifiante et douloureuse répétition.