jeudi 10 novembre 2016

I had a dream !

I had a dream

Je me souviens

Autrefois
La force des idées
Le courage des vrais combats
Pour la liberté l’égalité

Autrefois
La force de la pensée
Des débats où elle redonnait
La profondeur de l’être
Sa lumière intérieure

I had a dream

Où la beauté de la couleur des peaux
Coulait comme du miel
Sur les regards éteints

Baume salvateur

Ignorance éradiquée
Le temps d’un regard
Où les peurs s’évanouissaient
Parfois cela durait

Je me souviens

Autrefois
Les sexes sans distinction
Osaient défier les dieux
En leurs chairs libres

I had a dream

Yes we can
Enfin là

Je me souviens
Que seuls
Le savoir l’éducation la culture  
Pansent les plaies de la misère

Je me souviens
D’un monde riche
D’hommes et de femmes
Au péril de leur vie
Leur combat pour la démocratie

Intarissable terreau
Le melting pot d’une terre juste

I had a dream
Sur l’épaule d’un géant à la peau noire

Je me souviens d’écrivains
À la plume audacieuse
Qu’aucune scène médiatique
N’aurait détourné de leur quête intérieure

La postérité portera les germes
De ces précurseurs
Qui ont tenté de rendre notre monde meilleur

I had a dream

Soudainement tout s’éteint
Lumière automnale
Autrefois le rêve américain
On savait bien
Qu’une partie du chemin

Mais
Pas ce cauchemar là

I have a dream

Aujourd’hui demain
La force d’une jeunesse
Le fil des anciens entre leurs mains 

lundi 3 octobre 2016

Fragment d'une pensée révoltée par un monde qui succombe...

Quand la gauche tourne à vide. Que le culte de la personnalité prévaut sur l’idéologie. Que l’ego prend le pas sur l’intérêt collectif. Que les libertés muselées, la police musclée ; alors que l’on vit dans une contrée encore labellisée « terre d’accueil et/ou pays des droits de l’homme » !! Quel changement profond peut-on attendre de ceux qui prétendent demain nous représenter ?

Vers qui se tourner pour se rassembler ?
Pourquoi ce besoin d’un homme providentiel auquel bon nombre ne croit plus ?

Que faire quand les mots ne passent plus ?

Mouvement citoyen. Ne pas s’arrêter en chemin. Certains perdurent, d’autres tentèrent momentanément l’aventure. Comme jouer les pirates pour 2017. Un début de piste…Jusqu’à ce qu’ils fassent demi-tour. Abandonnant les signataires sur le bas-côté d’un chemin qu’ils avaient eux-mêmes tracés.

D’une erreur l’autre, il y a toujours un pas qui enseigne.

Pas perdus,
Combien de temps allez-vous accepter de voir enfermés les lanceurs d’alerte qui cherchent à vous informer dans un monde où la presse muselée par des propriétaires, hommes d’affaires milliardaires ?

Pas silencieux,
Combien de temps allez-vous supporter l’idée que vos représentants vous saignent, vous dupent, pendant qu’ils s’exonèrent en leurs paradis fiscaux et jouent entre eux au jeu des chaises musicales pour garder les postes clés en toute impunité ?

Pas solitaires,
Combien de temps allez-vous rester passifs devant le spectacle affligeant de cette gauche morcelée où un à un les postulants ramassent les morceaux et recollent le vase à leur effigie ?

Pas résignés,
Combien de temps allez-vous endurer cette fatalité prémonitoire d’un nouveau second tour, escroc/facho, qui gomme le moindre espoir d’entrevoir des lignes nouvelles ?   

Nos pas immobiles, nos pensées fatalistes, font de nous nos propres geôliers.

Que faut-il qu’il arrive pour que les forces démocratiques redeviennent une opposition active et collective, à croire encore possible les valeurs qui hier encore rassemblaient la gauche en sa pluralité ?

Que faut-il qu’il arrive pour qu’une majorité cesse de croire que tous les dangers viennent des étrangers ? Alors que la véritable menace est la montée des populismes, le racisme, le fascisme latent et l’état policier permanent !  

samedi 13 août 2016

Le corps de l'écriture


À l’intérieur de l’être
La force des matières

Lettres d’encre
Cheminent vers la source

Carnet géant
Confluence  

Le corps de l’écriture
S’éclipse la sémantique









Photos droits réservés Michèle Gautard 



samedi 2 juillet 2016

Il est mort le poète

Jour de colère
Je pense à Dreyer

Jour de deuil
Ils pensent tous à Bonnefoy

Un poète meurt
Il prend de la valeur

Et tous ceux qui rendent hommage
Pour être en première page

Que font ils pour la poésie
Lorsque les poètes
En vie

À tous ceux qui auraient pu
Lorsqu’il aurait fallu

Vous les officiels
Qui tenez les ficelles

Lot de consolation
Face à toutes vos gesticulations

Il ne restera de vivant
Dans les veines
De la nuit des temps

Que leurs vers

mardi 28 juin 2016

Démocratie...si on avait su !!

« Qui laisse se perdre une liberté aujourd’hui ne la retrouvera pas demain » 
(Edwy Plenel)

En France, comme en Europe, lentement le fossé s’est creusé entre les peuples et les élites. Enfermés dans leurs bulles, aucun cri ne leur parvenait. Ils étaient à la barre. La tenait fermement. Bâbord. Tribord. Mauvais capitaines crochet. Les peuples pouvaient bien protester, seules les lois du marché, de la finance. Petits arrangements entre amis. D’un poste l’autre. Chaises musicales. Funeste partition pour les peuples. Un à un touchés. Sacrifices demandés…Requiem ! Et pendant ce temps…leurs paradis fiscaux. Vive les lanceurs d’alerte ! Quelques tsunamis sur leurs rivages. Fini les enfants sages.

La gauche française ne pouvait pas manger de ce pain-là ! Naïveté. Non. Elle allait résister, redonner…Faire au moins quelque chose…Non ! Elle aussi a fini par sombrer. Par devenir un valet. Et là, le monstre s’est réveillé, s’est mis à vociférer. La haine s’est engouffrée.

Sécurité
La magie des barbelés
Quand la gauche s’éteint
Le fascisme n’est pas loin 

Citoyens
Nous le sommes toujours
Nos valeurs
Simplement usurpées
Intactes
À l’intérieur

Nos rêves
Un peu ébranlés

Voter utile
Nous l’avons tous fait
Trahis
Nous l’avons tous été

Grisés par le pouvoir, nos dirigeants ont fini par oublier qu’ils n’étaient que locataires !

En France, le roi soleil s’est réincarné, là où on ne pouvait l’imaginer. 
Un seul regard en son miroir…Il était déjà trop tard.

Certitude que la mécanique du vote utile marchera toujours. 
Avant tout la raison. 
Au-delà, l’inconnu.

Et lorsqu’il y eut le frémissement d’un danger…Ils ont lâché les chiens. Surfé sur la vague populiste…jusqu’à l’écume.

Comme autrefois, une partie du peuple s’est laissée enivrer par les sirènes venimeuses…Oui, autrefois déjà là !

Non. Ici, c’est la terre d’accueil. Le pays des droits de l’homme. Pas de ça chez nous. Nous les vainqueurs. Déclamations, à masquer les années sombres de la collaboration, celles de la colonisation. À faire oublier que ce sol est devenu sécuritaire et que des camps de misère parquent tous ceux dont on ne veut pas voir la silhouette étrangère envahir nos rues.

Le drapeau de la nation…L’étendard derrière lequel tout peut se passer…en toute légitimité. Tous s’en emparent. Lui le premier. Lui, qui voit un à un s’éteindre ses rayons à force de nous prendre pour des cons.

Mimétisme déconcertant, inquiétant, pour tous ceux qui lui avaient remis les clés. Il ne parlait pas cette langue là, il y a à peine encore autrefois ! Les chiens aboient. Le sien tente de crier plus fort. Etat sécuritaire. Manifestations interdites. Une dame sort des lunettes de son sac. La police la matraque. Les jeunes manifestent pour leur avenir. La police frappe, frappe, frappe cette jeunesse qui ne veut rien d’autre que de vivre décemment, libre et en démocratie comme hier leurs parents.

Déchéance de la nationalité pour tous ceux. Non. Décidément, il y a quelque chose de pourri au royaume de…Non. Au pays des droits de l’homme…Ah !  

Qui aurait imaginé, il y a encore, à peine quelques années, que tout cela…réalité !  

Le fascisme en France ? En Europe ? Un vieil épouvantail auquel personne ne croit…Juste pour faire peur. Rien de plus. Même pas mal. Tout se rétablit avec le vote utile.

Et pourtant, qui croyait au Brexit !! Et la suite… ??

Alors imaginons demain où un matin l’Europe se réveillerait avec des dirigeants populistes ! Chacun se claquemurant derrière son rideau de fer. Mêmes idées vacuité en bandoulière. Que s’y passerait il ?

Ah ! Si j’avais su ! Mais tu as pourtant été prévenu !! Regarde le Brexit et ses suites ! Pas de programme, juste la haine…ensuite…la débâcle.

Quand il sera trop tard et que seul le souvenir de leur colère deviendra la honte de tous ceux qui ont eu la faiblesse de céder à la tentation machiavélique du populisme, qui tel un mauvais phénix, que diront-ils ? C’était un raccourci. Juste pour leur faire peur. Piètre catharsis !

Et de la force des leurres, il ne restera plus que les yeux pour pleurer ou les armes à prendre pour défendre les droits et les libertés. Accablantes réalités.

Imaginons une nouvelle fois, pour tous ceux qui n’y croient toujours pas, ce que donnerait en France l’extrême droite au pouvoir, alors que sous un gouvernement « dit de gauche », l’instauration d’un état policier en fausse légitimité s’installe à perdurer ! Imaginons une fraction de seconde l’arme nucléaire en de pareilles mains ! La presse, la culture…J’entends déjà les braises crépiter…L’autodafé de tous ceux qui dans la nostalgie ! Arrêt sur image. Arrêtons ce naufrage.

Non. Ce n’est pas un scénario catastrophe. Au siècle dernier, qui pouvait imaginer que tout cela allait conduire là où nous savons.

Si la France et l’Europe prennent ce chemin…demain il y aura d’autres wagons…

Ne laissons pas une nouvelle fois l’histoire nous entraîner dans la honte d’un temps où le cycle des mauvaises saisons deviendra inévitablement une terrifiante et douloureuse répétition. 

vendredi 17 juin 2016

De Anselm Kiefer à un carnet d'automne - Un rêve dans le corps de la matière - Suite à l'exposition "l'alchimie du livre" - BNF - 2015

On a tous des histoires à raconter. Il faut toujours oser. Œuvrer, accomplir à rendre possibles nos rêves. Et lorsqu’ils sont exaucés... Des pas vers un nouveau tracé.

Tout cela a commencé dans l’enceinte d’une exposition où un immense artiste, Anselm Kiefer, offrit au public sa bibliothèque intime…Son "alchimie du livre". Comme un héritage à tous ceux.

Livres géants qui accueillaient diverses matières dans lesquelles il avait semé des mots, ici et là. Un titre se détache « Nuit de cristal ». Lettres de craie blanche sur un corps noir. Un livre refermé sur lui-même. Posé dans un coin sur une étagère de fer.




Atmosphère tellurique, par endroits sans concession, d’un intérieur qui s’interroge en créant. 

Se souvenir. Transmettre. Pour que plus jamais ça.


D’un livre l’autre. Un rêve éveillé.

L’envie soudaine d’écrire. Non plus sur des pages aux dimensions familières, mais dans un carnet géant. Me glisser entre des feuilles qui ressembleraient à des draps sous lesquels le corps, sans savoir quelle sera la nature de son sommeil, s’y abandonnerait.

La raison a bien tenté de m’en dissuader. Et puis l’instinct... À finir par me guider, jusqu’à cette porte que j’ai poussée.

Dans le bas de la rue Monsieur le Prince, se trouve l’atelier d’un relieur, Gilles Barnett. J’ai souvent eu l’envie d’y entrer…Cette fois, j’avais une bonne raison.

Jamais pareille commande n’avait franchi la porte de cette demeure, vieille de plus d’un siècle. Et pourtant, la confection d’un carnet géant ne sembla nullement déconcerter celui à qui j’en fis la demande.

Tout était envisageable, "malgré tous les malgré". Désir soudain de relever le défi. Il fallait cependant bien y réfléchir, étudier méticuleusement la question de sa faisabilité.

Tout dépendait des matériaux. Le papier à dimension. Le maintien des pages, qu’il fallait coudre et solidement relier pour que les fondations soient robustes et indéfectibles face à pareil poids. Quant à la pièce de cuir, il n’en existait pas de la taille espérée en un seul morceau. Raccords ! Tout cela à redimensionner en s’approchant au plus près de la teneur de mes souhaits.

L’homme aux mains d’or a fini par trouver la solution. Il avait mordu à l’hameçon de ce rêve qui allait devenir sien.

Les dimensions furent convenues dans la mesure qu’offrait l’équilibre de cette démesure et la rationalité des matériaux disponibles. L’affaire fut conclue à hauteur de rêve. Le dos serait en cuir, la couverture cartonnée, recouverte d’un papier à définir et les coins renforcés par ce même cuir. Les pages intérieures auraient un teint ivoire et sur la tranche des lettres dorées seraient gravées à l’instar des livres anciens.    

Le maître d’œuvre me convia chez son fournisseur. Découverte des matières premières. Le choix d’un cuir grenat, d’un papier marbré aux couleurs siennes, ocres, rouges, orangées. Par endroits des taches brunes bleutées. Des brèches entre les mondes où des formes insolites révèlent avec parcimonie la trace de quelques mystères.

Je l’ai laissé œuvrer dans le respect du temps nécessaire à la gestation de son œuvre. Un écrin qui s’ouvrirait de lui-même le moment venu.

C’est ce qui arriva quelques temps plus tard.

Je fus contactée pour recevoir les prémices organiques d’une ossature où la vie avait pris forme. Cette matrice avait demandé tant d’énergie et de nuits de réflexion pour que ce corps gigantesque ne se brise pas dans les coutures d’un rêve, trahi par la fragilité de ses fondations en leur assemblage.

Les doutes et interrogations furent surmontés par la volonté de donner un corps pérenne à un rêve devenu contagieux.

Le chemin des possibles poussait les limites de l’être. J’appris que la couture des deux cents et quelques pages qui allaient constituer ce carnet géant, avait demandé deux semaines de travail non-stop !

La restauration de livres était pour le relieur un ouvrage familier. Il avait certes accompli quelques performances dans des dimensions hors normes, mais partir de rien pour un tracé monumental…des pas vers l’inconnu.

L’aiguille avait traversé une à une des pages et des pages pour les assembler. Parfois le sang avait coulé. Il était désormais enfoui à jamais dans la tissure et les replis les plus secrets de la colonne vertébrale de ce géant. La persévérance du relieur trouva le moyen de la consolider par de multiples astuces, qu’il eut l’élégance de me révéler, mais dont je lui laisse le secret.



Il restait à recouvrir ce corps de sa peau de cuir. Un nouveau temps où il me fallait me retirer, attendre et laisser l’artiste peaufiner son œuvre…Et puis, un après-midi, il m’a téléphoné. Cette fois était la bonne. Le carnet géant était achevé. Il pesait 30kg, mesurait 90 x 70 dans sa position fermée et 1m40 les ailes déployées.










  
Ecrire sur de telles pages ! J’étais soudainement au pied de l’Everest. Ma plume se perdait dans l’immensité d’une banquise ivoire et mes bras s’étiraient au-delà de leur limite pour atteindre les sommets grisants d’un simple haut de page.

L’échine courbée, mon encre esquissait les pas d’un nouveau-né, apprenant à faire fi de l’inconfort du corps.   



Il a suffi d’une première page écrite recto verso pour que j’entrevois ce carrefour des mondes où le visible, l’invisible jouent à cache-cache avec les matières et les sens. L’esprit, le corps, les chairs, le cuir, l’encre, le papier, l’effort, la persévérance, l’audace à transformer le visage de la sémantique et à faire de la quête d’un "absolu" un début de chemin vers tous les possibles.







lundi 23 mai 2016

Tant qu'il y aura des hommes et des femmes !

Liberté, égalité, fraternité, sororité, au passage oubliée.
Tant de vies tombées pour nos droits, nos libertés…
Pendant des décennies…Un socle indéfectible.
Et le « plus jamais ça », une évidence écrite sur les murs de nos mémoires.

Et puis, lentement, un à un…des signes. Fissures. Altération. Murmures. Un filet d’eau. Un courant. Un fleuve qui gronde. Voix nauséabondes. À devenir écume pestilentielle.  

Racisme. Sexisme. Fascisme. Mémoire à l’amnésie. L’histoire ! Ça n’a rien à voir. Un tout autre temps. Non. À peine hier encore…Silence. On est envahi. Il faut réagir. Couleur de peau. Différences culturelles. À vos manuels. Colonisation. Intégration. Pas de leçon. La parité. Pour parader. Démagogie poudrier. Amalgame. Non. Tentatives d’explications. C’est quoi ce foutoir ? Légitimité des dieux proclamée. Eux vont bien tout régler. À chacun son flambeau pour éteindre la lumière de l’autre. Moyen-âge. Les temps sont difficiles. On n’a rien trouvé d’autre. Temps modernes. La ferme !

Etat d’urgence. Terre démocratique…ton corps méconnaissable. Qui est au pouvoir ?

Résurgences. Trous béants. Un contre-courant où la régression aspire tel un trou noir une à une les pierres de l’édifice.

Et face à la vacuité de la pensée, à l’idéologie jachère, le populisme s’empare de la boîte à idées. Exutoire, dépotoir, déversoir. Et la lame de fond revient se vautrer sur le même rivage.

« Plus jamais ça ! »…Mais l’immonde se tapit silencieusement dans l’ombre dans l’attente sournoise d’attraper des mouches avec du fiel. Et l’ignorance, racine vivante de la peur, se laisse une nouvelle fois séduire par elle-même.

Et les dieux placebos redeviennent des enjeux nationaux.
Et le fascisme, sous le masque de la colère populiste, un chemin sur lequel un à un, à faire fi du danger.
Et le corps de la femme...Annexion. Discrimination. Harcèlement. Viol.

Celles qui parlent…troublent l’ordre établi. Et la victime courageuse devient la coupable outrageuse ! Même les femmes, certaines femmes, mêlent leurs voix à celles de piètres hommes, certains hommes. Oui, elles confirment…Celles qui sont violées, battues…Elles l’ont bien cherché…Il doit bien y avoir une raison…Il n’y a jamais de fumée sans feu.

Autodafé des corps ! Déplore la sororité éberluée devant tant de lâcheté ! 

Et puis il y a ces autres femmes. Celles qui décomplexent la banalité du mal et qui au pays des droits de l’homme vocifèrent dans le crachoir du populisme à semer en tribun leur venin. Et la haine de l’autre mijote dans la marmite comme un pot-au-feu en nos terroirs.

Banalité du mal. Les temps ont changé. On ne peut pas comparer. Mêmes paravents. Mêmes arguments. Mêmes armes. Mêmes peurs. Mêmes leurres. Mêmes erreurs. Mais cette fois…des femmes ! Et sans vergogne, elles sèment leurs graines et les cerveaux germent, gangrènent. 

Et les hommes qui ont peur de perdre leur pouvoir n’annexent plus le corps de la femme, mais leur programme. Politiquement dangereux. Pernicieux. Il n’y a personne aujourd’hui pour véritablement croire en pareil destin. Alors, ils jouent avec le feu. Juste pour que l’on revienne à eux. Et ils s’imaginent indétrônables sous la seule haute protection de la raison. Pauvres cons !    

Et leurs valeurs, auxquelles s’accrochait un espoir d’égalité, s’effritent et fondent comme neige au soleil.
Et comme ils n’ont plus rien à dire, ils crient « Hé oh, la gauche ». Comme si tout allait bien dans le meilleur des mondes. Leur monde ! Sans un seul instant se soucier…du monde.

Il n’y a plus rien à dire. Il faut continuer à suivre…les sons.
Mais lequel est le bon ? Ils vont dans toutes les directions.
Onomatopées. On a perdu la clé de la pensée. Le pouvoir grise. Les miroirs se brisent.  

À force de jouer avec le feu...flotte de nouveau le spectre des drapeaux noirs aux portes du pouvoir.



dimanche 17 avril 2016

Nuit debout...comme une étincelle dans la nuit noire !

« Ils ne sont grands que parce que nous sommes à genoux » écrivait La Boétie.

Les racines de la véracité traversent les temps et quels que soient les mouvements, les époques…la mémoire endormie finit toujours par reprendre vie.

Intemporelles lumières, que sont la liberté et la démocratie. Ces biens si précieux à l’humanité comme l’eau à la vie. Elles furent tant de fois usurpées, bâillonnées, assassinées dans leur chair humaine. Sur les terres où elles ont fini par s’installer de façon durable, elles donnèrent de concert le sentiment qu’elles étaient d’intrinsèques et d’impérissables vertus que possédaient ces lieux.

Mais il est des seuils où l’écorce ne protège plus les peaux et l’homme nu, dépouillé de ses acquis, entravé dans sa liberté et dont la vie est devenue précaire, finit par sentir le danger contre lequel il se croyait immunisé.

À fleurs de peau, instinct de survie ressurgit. Et c’est dans ce no man’s land que les rêves redeviennent l’ultime voie. Une à une leurs racines endormies s’éveillent et germent à faire fusionner le réel, le rêvé.

Ils furent si nombreux à tomber au champ d’honneur pour l’équité, la liberté et les mêmes droits pour tous. Leurs victoires ont fini par s’altérer entre les mains de ceux à qui la démocratie a remis les clés.

Une fois au pouvoir, la porte en apparence ouverte…pour tous. Mais l’entrée est filtrée. Et un à un les acquis et les droits fondent comme neige au soleil. Petits arrangements entre amis. La politique, qui autrefois un horizon espoir, aujourd’hui devenue le couloir d’une mort lente, insidieuse pour le plus grand nombre. Quel avenir entre de pareilles mains ?

Nuit debout, comme une étincelle dans la nuit noire. Un à un, ils arrivent de partout. Ici, on pose son ego, ses slogans à l’entrée. Ici, on est citoyen du monde et chaque voix compte.

Ici, il n’y a ni dieu ni maître, ni homme ni femme providentiels. On écoute. On débat. On improvise. On vit des moments de grâce comme des ratés. Mais peu importe. Ici, on apprend à devenir le corps vivant de la démocratie sur lequel on laisse quelque chose de soi. Comme ces mots écrits à la craie rouge et blanche, à même le sol. Ces mots sur lesquels on marche, mais que tous voient « Maintenant que nous sommes ensemble ça va mieux »

Hier encore, ces voix étaient silencieuses, résignées, face à un avenir sombre, tout tracé. Des voix éparpillées, fatalistes devant les discours des leaders qui exacerbaient les peurs, devenues le seul terreau où les idées. Voix muettes à entendre la parole des politiques s’emparant du programme sécuritaire d’une extrême droite décomplexée, dans un honteux et déshonorant copié/collé où la discrimination devenait soudainement légitime au pays des droits de l’homme.

Ces voix silencieuses sont devenues petites veilleuses qui éclairent chaque nuit la place de la République. Nuit debout pour des hommes et des femmes qui ne veulent pas vivre à genoux.

Les corps n’ont plus sommeil. Et malgré les intempéries, leur nuit étoilée. Elle redonne à la démocratie les ailes du phénix sur une place devenue l’agora où les citoyens sont là, réunis en ce lieu de tous les possibles, à tenter d’incarner un autre réel et de prendre leur destin en main.  

Pensées fanées ou clonées, sachez qu’il se passe quelque chose dans la vallée de la liberté, de l’égalité, de la fraternité sous le regard bienveillant de Marianne, qui à la nuit tombée, retrouve dans la dignité son pays des droits de l’homme.

Marianne ne pleure plus, elle contemple ce champ de lumière qui éclaire ses nuits noires. Et lorsqu’au petit matin, un à un ils quittent la place, elle se demande si le champ de blé, qui illumine ses nuits, ne sera pas brûlé par ceux qui n’ont plus ou jamais eu d’idées.




lundi 22 février 2016

Résilience, j'écris ton nom !

D’une masse l’autre

Cercles perpétuels
Qui enferment

Masse des réfugiés
Générations sacrifiées
Ribambelles d’enfants noyés

Masses populaires
En leurs enceintes protectrices
Supposées démocratiques
À devenir extrémistes
Ou d’autres mots en « iste »

Mass media
À faire verser des larmes
Lorsqu’un enfant sur une plage
À le faire aussitôt oublier
Comme s’il n’avait jamais existé

Des nombres et des ombres
Disparitions consignées
Cahiers d’écoliers
Qu’ils auraient pu devenir

Colonnes muettes
Des chiffres en croissance
Des pages et des pages
À recouvrir les plages

Un seul a failli
Les masses
Réveiller

Dernier baisé salé
Sur un sable mouillé

Il était une fois
Alan Kurdi
Nommé Aylan

Des larmes à l’indifférence
Du silence à l’oubli

Depuis
Une multitude
Au fond de l’eau
Les yeux clos

Il était une fois
Une terre liberté
Où l’égalité
La fraternité

Un à un
En partance
Vers ce rêve lointain

Et les pas s’effritent
En chemin
Sur les murs érigés

Talons d’Achille
Des démocraties versatiles

À faire hurler

Résilience
J’écris ton nom

Résilience
Comme une errance

L’enfant migrant
Autrefois les cigognes

dimanche 31 janvier 2016

Quand l'argent a plus de valeur qu'une vie humaine...Le colibri contre Hassan Rohani !

26 janvier 2014, le jeune poète iranien, Hashem Shaabani, a été condamné à mort et pendu en Iran, sous le régime du Président Hassan Rohani. Le supposé « modéré »…ainsi à l’époque nommé !

26 janvier 2016, l’Europe déroule le tapis rouge, à ce même Hassan Rohani, faisant fi de ses propres valeurs, jusqu’à l’autocensure pour ne pas froisser ni choquer celui qui a les poches pleines, mais l’esprit étriqué.

Statues de pierre, corps de femmes de chair, enfermées sous la même tissure de pensées moyenâgeuses, avec lesquelles l’Europe et la terre des droits de l’homme négocient honteusement.   

Tapis rouge pour Rohani. Rouge comme le visage de l’ignominie. Rouge comme le sang versé par ce dernier contre tous les opposants, artistes, poètes et tous ceux qui osent le chemin de la créativité, de la liberté et refusent d’être enfermés dans le donjon de l’obscurantisme. Rouge comme ce sang figé un soir de janvier dans les veines du poète. Mais quel prix vaut aujourd’hui la poésie et la vie de tous ceux… ?

Tout cela pour que les industries de nos pays en crise et leurs actionnaires. Tout cela sous couvert de l’emploi, pour faire taire les contestataires et les précaires. Le bon dos de l’emploi, que nos dirigeants…incapables de développer par leurs propres moyens...les mains propres !

Vers quel monde nous entraînent ces pages sombres de notre histoire où l’obscurantisme et le totalitarisme reprennent des couleurs, alors que nos sociétés libres, démocratiques  et laïques les croyaient à jamais éradiquées.

Belle Europe, terre de liberté prometteuse, tes valeurs pionnières s’effritent et Schengen, ton espace liberté, aujourd’hui mutilé, menacé, en danger. Un à un les murs érigés. Visibles ou invisibles. Faire tomber celui du silence derrière lequel toutes les lâchetés du monde se dissimulent à faire croire qu’elles n’ont pas d’autres choix.

Résister, pour que les générations à venir ne puissent pas accuser celles de ces temps obscurs de complicité passive et peut-être un jour de crime contre l’humanité.

Que la liberté, l’égalité, la laïcité s’assument dans leur légitimité universelle, comme une voie fondamentale, qui doit sans peur retrouver de la voix contre tous ceux qui jouent au poker menteur dans les zones grises où le compromis y cultive ses plus belles lettres de fausse noblesse.

Aucun homme, ni aucune femme de conviction, quant à leurs valeurs, ne jouent contre leur propre camp, mais quand ce camp devient méconnaissable, la liberté de dire doit primer et le colibri ne pas se sentir isolé.  

mardi 19 janvier 2016

Michel Tournier où les limbes d’un fil éternel

Avoir écrit toute une vie et s’éteindre, parce que le temps...et les chairs périssables.

Malgré la noblesse de l’esprit, l’intemporalité des écrits et cette âme qui immuablement transcende…la nouvelle est tombée, comme un couperet. Parce que la vie est ainsi...

À 91 ans, l’écrivain nous a quittés.

Plume à la main. Plume au vent. Peu importe les tourments et les temps. Seul celui où la partition du vivant collait magnifiquement au corps de ses lettres éternelles.

Ce soir-là est arrivé, en ce début d’année…parce que la vieillesse finit toujours par emporter sans se soucier de l’instant et du peu de temps qu’une vie laisse. À 91 ans n’est-on pas encore un enfant, comme l’ont murmuré les plus grands ?

Cette vieillesse, qui encore une jeunesse dans l’esprit de celui, n’est-ce pas elle qui révèle le moment venu ? Ce moment où l’on sent l’étau du temps sur nos pas lentement... Ce moment où l’on commence seulement à entrevoir la silhouette de cette création qui depuis l’enfance. Ce moment qui évince nos illusions trompeuses, à nous retrouver, telle une graine de vie, prête à être replantée sur un sol nouveau pour que germe tel que, tout ce qui notre vie a tenté de nous dire, là où ailleurs nous cherchions.

Espérances de nos pas, de nos actes, de nos mots, de tous ces voyages intérieurs dont la plume la lueur.

Une à une les pages. Empreinte définitive de ce qui fut une vie où nos plus belles ébauches sur lesquelles nos fondations.

Chaque œuvre finira par toucher les cœurs et chacune sera la somme de toutes ces quêtes où le créateur. Ces quêtes vers lesquels certains mystères finissent parfois par succomber face à tant de persévérance.

Je suis. J’ai été. J’ai vécu. Existé. Ecrit, tant écrit…Et puis un jour de janvier, certains naissent, d’autres s’éteignent sur cette terre qui reprend ce souffle qu’elle a eu, dans un temps proche ou lointain, la nécessité salvatrice, mystérieuse de créer.

Ce soir, il n’est nul besoin d’avoir connu ou lu Michel Tournier pour sentir la puissance de ce fil qui relie tous ceux qui comme lui jamais ne renonceront. Lui, qui savait que seule l’enfance. Lui, qui a su traverser les mondes pour que l’imaginaire marche toujours sur ce pont où les mots construisent des tracés éternels pour que notre innocence ne s’égare jamais complètement.

Chaque fil relie. Et ce soir, il en est un tout particulier qui nous dit : tenez, prenez, c’est à vous maintenant.

Ecrire est une voie qui rend visible ce fil sur lequel l'âme.