mardi 20 septembre 2022

À PROPOS DE "JOURNAL DE CENDRES"


Qu’est-ce qu’un journal ?  

 

Depuis la nuit des temps, des milliards de pages, des montagnes de cendres ; à chacun sa poussière d’encre. 

 

Quelles que soient leurs formes, les œuvres sont des fragments de mondes dont on ne saisit pas toujours la teneur. Une brèche est ouverte. On est sur un seuil. 

 

Les pages de ce « Journal de cendres » sont nées d’un projet. L’envie soudaine de rassembler la matière de mes nombreux carnets dont l’écriture s’étend sur plusieurs décennies. Faire le tri, ne pas laisser dormir ces kyrielles de pages qui ont recueilli pléthore de pensées et autres traversées. Ce Journal… censé être le premier tome d’une série. Mais l’inévitable s’est produit. 

 

Premiers carnets pris au hasard. Certains mots avaient perdu leur force, certaines pages leur raison d’être ; mais sur d’autres, d’intéressantes redécouvertes. Les « intemporelles ». 

 

J’ai donc commencé à rassembler ces morceaux choisis. Mais lentement, presque insidieusement, des mots nouveaux se sont immiscés entre ces lignes et leurs espaces blancs. Un à un, ils ont évincé cette matière première ; n’en laissant que quelques vestiges et parfois aucun. Sans me retourner, je les ai suivis, tout en prenant appui sur ces pages d’autres temps. 

 

Certains jours, la poésie revenait comme en terrain conquis. Mais ça ne suffisait pas. Un seul genre enferme. Il faut briser les barreaux. S’aventurer vers le grand large. Tenter d’improbables rencontres. Faire cohabiter des mondes. Laisser l’imaginaire s’emparer des pans entiers du réel, comme si on lui redonnait une nouvelle chance dans un espace où il perdait sa propre trace. 

 

D’un fragment l’autre, diverses traversées ont constitué les pages de ce journal : quelques-unes romanesques, d’autres volontairement poétiques, des bribes d’interrogations, des affirmations qui doutent, des certitudes qui savent qu’elles sont sur la scène d’un théâtre, des véracités qui ne peuvent être gommées, des parcelles de dialogues, jusqu’à oser une conversation avec un mort. 

 

Des pages où le réel et l’imaginaire, ce couple infernal, décident de faire pleinement corps. Les mots ont beau se bousculer, jouer le jeu de l’instant nouveau ou du travestissement, ce sont toujours les mêmes qui reviennent ; comme s’il était impossible d’échapper à la nature humaine… Absurdité d’être là, en ce monde, sans rien savoir sur l’origine de ce vivant que nous sommes et de cette mort qui nous rattrape sans avoir l’élégance de nous prévenir. Quant à l’amour, une transcendance qui nous élève jusqu’à la chute.

 

On ne sait rien de l’humain. Parfois, les mots donnent le sentiment d’en savoir un peu plus. Sans doute une invention du réel ayant trop longtemps séjourné dans l’antichambre de l’imaginaire.

 

Silhouettes d’encre s’animent sur un sol blanc. Fantômes ? Mémoires anciennes, endormies ou enfouies ? S’éveillent des voix intérieures. On tend l’oreille. Le silence et son écho. Et les pages deviennent des trous noirs que l’on imagine lumières salvatrices. 

 

Un mot solitaire est tout un univers, mais il peut aussi, parfois, être une racine sans terre.

 

Pages assemblées dans un corps hybride. Elles aussi, demain… des cendres. 

 

Demeure l’idée de la trace dans laquelle la mémoire humaine cherche son empreinte éternelle. 

 

Désir d’éternité. Le mauvais rêve d’un esprit désespéré confronté à l’insupportable réalité d’être une parcelle éphémère du vivant. 

 

La trace. La mémoire. Un jour, il y eut un être humain. Et puis, il a disparu. A-t-il réellement existé ? 

 

Les mots sont là pour rétablir le sens du réel. Les mots sont là pour nous faire douter. Tous les miroirs racontent la même histoire. 

 

Les pages de ce journal peuvent être lues dans n’importe quel sens. Elles sont le résultat d’une expérience où les mots nous rappellent qu’ils ne sont jamais là où on les avait imaginés.

 

 

dimanche 11 septembre 2022

LA CREATION D'UN SITE...


La création d'un site... Une prouesse technique pour la néophyte...

Des pages à feuilleter

Des images à glaner

Des seuils à franchir

https://www.ecrivainmichelegautard.com