Où sont
passés les penseurs
Et tous
ceux qui faisaient nos grandes heures
Dans les
librairies
Il y a
encore des livres
En ces
temps où l’image
Images
dégoulinantes
Exhibant
sans distinction
Le public
Le privé
Comme si
le monde entier
Dans le
même drap vautré
Mimétisme
des pages
Ressembler
à l’image
Dans les
librairies
Il y a
encore des livres
On devrait
s’en réjouir
Où sont
passés les passeurs
Autrefois
éditeurs
Aujourd’hui
La plupart
De simples
entrepreneurs
Derrière
leurs étals
Un à un
Ils
déballent
Tout ce
que le public
À faire
croire qu’il réclame
Spéculation
Sur la
moindre éjaculation
Grandeur
nature
Quelques-uns
s’encanaillent
Dans le
tripot des mots qu’ils impriment
À laisser
Une
étrange
Et
troublante
Impression
Et pendant
ce temps
Les bus
des grandes villes
Portent
ostensiblement
Sur leur
flanc
Les
stigmates du dernier best-seller
Mondialisation
Communication
À
l’unisson
Et le
poète à rêver
De la
maturité d’un monde
Où les
vers
Comme les
pensées des philosophes
À leur tour
Un jour
Sur le
flanc des bus
À nous
dire
Que le
monde a changé
Que les
cloisons sont tombées
Que la
profondeur
N’a jamais
eu peur des projecteurs
Arrêt sur
image
Autrefois
Gutenberg
Mémoires
anciennes
Où sont
passées tes belles traces
En nos
jours trash
Dans les
caniveaux
Le reflet
des cigognes
Qui vers
leur printemps
Sur les
trottoirs de la ville
Il y en a
tant
Vers
d’autres tourments
Et le soir
dans les salons
À la
lumière des télévisions
La
tentation de lire
Le goût du
jouir
S’éteint
la vie
Où sont
passés les éditeurs
Autrefois
des passeurs
Où sont
passés les penseurs
Qui
faisaient nos belles heures
Derrières
tous ces leurres
Qui sous
les projecteurs