lundi 23 mai 2016

Tant qu'il y aura des hommes et des femmes !

Liberté, égalité, fraternité, sororité, au passage oubliée.
Tant de vies tombées pour nos droits, nos libertés…
Pendant des décennies…Un socle indéfectible.
Et le « plus jamais ça », une évidence écrite sur les murs de nos mémoires.

Et puis, lentement, un à un…des signes. Fissures. Altération. Murmures. Un filet d’eau. Un courant. Un fleuve qui gronde. Voix nauséabondes. À devenir écume pestilentielle.  

Racisme. Sexisme. Fascisme. Mémoire à l’amnésie. L’histoire ! Ça n’a rien à voir. Un tout autre temps. Non. À peine hier encore…Silence. On est envahi. Il faut réagir. Couleur de peau. Différences culturelles. À vos manuels. Colonisation. Intégration. Pas de leçon. La parité. Pour parader. Démagogie poudrier. Amalgame. Non. Tentatives d’explications. C’est quoi ce foutoir ? Légitimité des dieux proclamée. Eux vont bien tout régler. À chacun son flambeau pour éteindre la lumière de l’autre. Moyen-âge. Les temps sont difficiles. On n’a rien trouvé d’autre. Temps modernes. La ferme !

Etat d’urgence. Terre démocratique…ton corps méconnaissable. Qui est au pouvoir ?

Résurgences. Trous béants. Un contre-courant où la régression aspire tel un trou noir une à une les pierres de l’édifice.

Et face à la vacuité de la pensée, à l’idéologie jachère, le populisme s’empare de la boîte à idées. Exutoire, dépotoir, déversoir. Et la lame de fond revient se vautrer sur le même rivage.

« Plus jamais ça ! »…Mais l’immonde se tapit silencieusement dans l’ombre dans l’attente sournoise d’attraper des mouches avec du fiel. Et l’ignorance, racine vivante de la peur, se laisse une nouvelle fois séduire par elle-même.

Et les dieux placebos redeviennent des enjeux nationaux.
Et le fascisme, sous le masque de la colère populiste, un chemin sur lequel un à un, à faire fi du danger.
Et le corps de la femme...Annexion. Discrimination. Harcèlement. Viol.

Celles qui parlent…troublent l’ordre établi. Et la victime courageuse devient la coupable outrageuse ! Même les femmes, certaines femmes, mêlent leurs voix à celles de piètres hommes, certains hommes. Oui, elles confirment…Celles qui sont violées, battues…Elles l’ont bien cherché…Il doit bien y avoir une raison…Il n’y a jamais de fumée sans feu.

Autodafé des corps ! Déplore la sororité éberluée devant tant de lâcheté ! 

Et puis il y a ces autres femmes. Celles qui décomplexent la banalité du mal et qui au pays des droits de l’homme vocifèrent dans le crachoir du populisme à semer en tribun leur venin. Et la haine de l’autre mijote dans la marmite comme un pot-au-feu en nos terroirs.

Banalité du mal. Les temps ont changé. On ne peut pas comparer. Mêmes paravents. Mêmes arguments. Mêmes armes. Mêmes peurs. Mêmes leurres. Mêmes erreurs. Mais cette fois…des femmes ! Et sans vergogne, elles sèment leurs graines et les cerveaux germent, gangrènent. 

Et les hommes qui ont peur de perdre leur pouvoir n’annexent plus le corps de la femme, mais leur programme. Politiquement dangereux. Pernicieux. Il n’y a personne aujourd’hui pour véritablement croire en pareil destin. Alors, ils jouent avec le feu. Juste pour que l’on revienne à eux. Et ils s’imaginent indétrônables sous la seule haute protection de la raison. Pauvres cons !    

Et leurs valeurs, auxquelles s’accrochait un espoir d’égalité, s’effritent et fondent comme neige au soleil.
Et comme ils n’ont plus rien à dire, ils crient « Hé oh, la gauche ». Comme si tout allait bien dans le meilleur des mondes. Leur monde ! Sans un seul instant se soucier…du monde.

Il n’y a plus rien à dire. Il faut continuer à suivre…les sons.
Mais lequel est le bon ? Ils vont dans toutes les directions.
Onomatopées. On a perdu la clé de la pensée. Le pouvoir grise. Les miroirs se brisent.  

À force de jouer avec le feu...flotte de nouveau le spectre des drapeaux noirs aux portes du pouvoir.