samedi 2 avril 2022

EXTRAIT D'UN "JOURNAL" - Poèmes et textes divers (en cours d'écriture)

Immuables lendemains,


Une main sort de terre. 

 

Quelle force toxique la pousse à revenir vers ce monde de bourreaux ?

 

La main continue son ascension. D’un cimetière l’autre, la vie repousse. 

 

La main ne cherche plus une autre main. Elle s’appuie désormais sur ses seules forces. 

 

Incommensurable désir de liberté ou simple peur du noir ?  

 

Ne pas vouloir devenir la semence de ses bourreaux. Ne rien devoir aux dictatures. Pas même sa mort. Revenir à la surface, même sans son corps. 

 

Pourtant, rien n’a changé à la surface. 

C’est justement pour cela que la main revient. 

 

Retrouver le fil

La force du tracé 

L’espoir pour redonner 

 

La mémoire d’un héritage. Inaltérable liberté. 

 

La main revient toujours vers la source. 

 

La main sortie de terre se dresse vers un ciel ouvert. La terre n’ensevelit pas tout. 

 

Autrefois, cette terre un espace de liberté, le temps d’un rêve partagé. Fugacité des croyances. La révolution d’un jour a fait de ses lendemains une dictature. Les rêves deviennent très vite pourriture lorsqu’ils s’incarnent en oubliant la véracité des serments. 

 

Sous les draps, il y a toujours des corps qui mentent.

 

Les idées sont belles, nobles, propres, tant qu’elles ne sont pas confrontées à la réalité. Le pouvoir est corrosif. Il demande même un courage particulier pour qu’aucune idée sincère ne s’altère. 

 

Certains "révolutionnaires" ne sont-ils pas devenus d’impitoyables tortionnaires ? Dictateurs de ceux qu’ils ont fini par nommer leur peuple. Ils avaient pourtant préalablement pris la précaution de briser tous les miroirs qui jalonnent l’histoire. 

 

Être au pouvoir… L’ivresse des cimes révèle une tout autre nature. Le vertige rend fragile les esprits les plus aguerris. Leurs idées de justice et de liberté avaient autrefois une authenticité et leurs actes une légitimité. Mais une fois au pouvoir, les moyens employés, au nom du peuple et pour ce même peuple, leur font perdre toute crédibilité lorsqu’ils doivent le représenter.

 

Les atours de leurs ennemis finissent bien souvent par devenir les leurs ; eux qui avaient tant rêvé de les dévêtir pour redistribuer à équité. Mais une fois à leur place… Difficile le partage. 

 

Dans le bouillonnement des idées, ils ne pensaient pas à l’après. À cette époque-là, ils communiaient en toute fraternité. Il leur fallait atteindre leur horizon. Passer à l’action. Faire éclore leur révolution. Ensuite, ils disaient toujours qu’ils verraient bien. 

 

Le réel est sans concession. 

 

L’histoire a beau être revisitée, le réel sera toujours là pour remémorer, révéler, éprouver, démasquer. 

 

Immuable réalité. Incontournable réalité. 

 

L’histoire et ses témoins n’ont-ils servi à rien ? 

Est-ce pour cela que la main revient ? 

 

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