Dernier jour
Maison Européenne de la Photographie
Gao Bo
Le 10 il ne sera plus là
Le temps ne laisse aucune
alternative
Faire le pas ou laisser passer, alors
que l’on sait
Nul autre chemin.
Y aller.
Le sang. Les hommes. Souffrance.
Injustice. L’âme s’interroge. Traverse. Muette.
Du bois mort et des os.
Surface noire. Le blanc cherche la
lumière.
Une
Des
Couches qui étouffent.
L’arbre a 300 ans
Demeure le tronc
Est-ce la vie ?
Nos os
Nos cerveaux
Nous avons besoin de mots
Une corde où les lettres
L’échelle du sens
Celle du sang
Traces
Vanité du monde
Injustices
Le souffle
Création
Crémation
Illusion
Assemblage. Solitude ? Imaginaire…
L’aube se réveille avec la nuit dans le
corps
Et nous traversons somnambules
Toujours vivants
Quelque part. Là. Ailleurs.
Ici. Maintenant.
Je. Nous.
Toiles parchemin
D’une matière l’autre
L’être s’égare
Créateurs. Penseurs.
Certitude d’avoir trouvé.
Le néant ?
Le rien ?
Le grand tout qui absorbe ?
Être là fait du bien
Être s’interroge
Là
L’essentiel
Matière mutante cherche sa propre trace
dans les pièces métalliques.
Immense puzzle où la création.
Errance.
Pinceaux. Sable. Bois. Peinture. Son.
Ecran. Images. Mouvements. Noir et blanc. Rouge sang. Absence. Présence.
Résistance. Infinité des multipliés dans l’inconscience des mondes.
À notre insu
Tout se superpose
Sommes-nous tout cela ?
C’est quoi cela ?
C’est toi. C’est moi. C’est tous ceux
qui avant. Qui demain.
Fragments.
Je me retrouve innocemment dans ce
sang, dans ce bois mort, dans ces cordes, ces bandages et ces tiges
métalliques. Du sable fin pour remplacer les mots. Des mots pour dire tout ce
que les corps en leur mutisme…
Corps mutilés
Corps torturés
Ici
Brisé. Le sablier
Je cherche la lumière. J’ai désiré la
matière. Je suis. Nous sommes. Là.
Création. Le visible. L’invisible.
Mémoires anciennes. Anonymes. Beckett
et tous ceux…
La gomme dort au fond de l’encrier. Une
éponge noircie par tant de questions. Et l’esprit devient aérien car il ne
comprend plus rien. Ce rien qui dit tout. Au-delà des mots. Sans les mots. Sans
le bois. Sans rien.
Et toutes les souffrances des fleuves
Où l’injustice
Les tyrannies
Goutte à goutte. Les cris des peuples
opprimés.
Goutte à goutte. Le sang d’une voix
révoltée.
Dans les caisses de bois. Nos cendres.
L’art répond à l’art. Bandages.
La force onirique du lien
À se croire vivant
Nos vies
À construire des ponts.
Requiem n’est qu’un commencement
Premier cri silencieux
La note cristalline s’échappe de son
écrin.
Naissance
Souffrance
Et l’homme qui vient de naître s’absente
le temps d’une vie
Espaces
Interstices
Des pauses dans lesquelles le sommeil
Désirs de réel
Les ombres sur la toile
S’effacent tous les mystères
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