Avoir écrit toute une vie et s’éteindre, parce que le
temps...et les chairs périssables.
Malgré la noblesse de l’esprit, l’intemporalité des
écrits et cette âme qui immuablement transcende…la nouvelle est tombée, comme
un couperet. Parce que la vie est ainsi...
À 91 ans, l’écrivain nous a quittés.
Plume à la main. Plume au vent. Peu importe les
tourments et les temps. Seul celui où la partition du vivant collait magnifiquement
au corps de ses lettres éternelles.
Ce soir-là est arrivé, en ce début d’année…parce que
la vieillesse finit toujours par emporter sans se soucier de l’instant et du
peu de temps qu’une vie laisse. À 91 ans n’est-on pas encore un enfant, comme
l’ont murmuré les plus grands ?
Cette vieillesse, qui encore une jeunesse dans
l’esprit de celui, n’est-ce pas elle qui révèle le moment venu ? Ce moment où
l’on sent l’étau du temps sur nos pas lentement... Ce moment où l’on commence seulement
à entrevoir la silhouette de cette création qui depuis l’enfance. Ce moment qui
évince nos illusions trompeuses, à nous retrouver, telle une graine de vie,
prête à être replantée sur un sol nouveau pour que germe tel que, tout ce qui
notre vie a tenté de nous dire, là où ailleurs nous cherchions.
Espérances de nos pas, de nos actes, de nos mots, de tous
ces voyages intérieurs dont la plume la lueur.
Une à une les pages. Empreinte définitive de ce qui
fut une vie où nos plus belles ébauches sur lesquelles nos fondations.
Chaque œuvre finira par toucher les cœurs et chacune
sera la somme de toutes ces quêtes où le créateur. Ces quêtes vers lesquels
certains mystères finissent parfois par succomber face à tant de persévérance.
Je suis. J’ai été. J’ai vécu. Existé. Ecrit, tant
écrit…Et puis un jour de janvier, certains naissent, d’autres s’éteignent sur
cette terre qui reprend ce souffle qu’elle a eu, dans un temps proche ou
lointain, la nécessité salvatrice, mystérieuse de créer.
Ce soir, il n’est nul besoin d’avoir connu ou lu
Michel Tournier pour sentir la puissance de ce fil qui relie tous ceux qui
comme lui jamais ne renonceront. Lui, qui savait que seule l’enfance. Lui, qui
a su traverser les mondes pour que l’imaginaire marche toujours sur ce pont où
les mots construisent des tracés éternels pour que notre innocence ne s’égare jamais
complètement.
Chaque fil relie. Et ce soir, il en est un tout
particulier qui nous dit : tenez, prenez, c’est à vous maintenant.
Ecrire est une voie qui rend visible ce fil sur lequel l'âme.
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