Lorsque les mots manuscrits deviennent des pages publiées, c'est une très belle étape, mais lorsque ces mêmes mots circulent, leur meilleure place est entre les mains des lecteurs. Peu importe le nombre... Il suffit d'un seul pour nous rappeler que rien n'est fait en vain.
Je serai donc présente le SAMEDI 5 AVRIL À 14H au salon international de l'édition indépendante (Palais de la Femme) sur le stand des Editions unicité -François Mocaër- pour "Journal de cendres". Au plaisir de vous y rencontrer... Le hasard est une nouvelle page en devenir...
jeudi 27 mars 2025
"JOURNAL DE CENDRES" Présenté sur le stand des ÉDITIONS UNICITÉ - SAMEDI 5 AVRIL À 14H - SALON INTERNATIONAL DE L'ÉDITION INDÉPENDANTE
"JOURNAL DE CENDRES" - MORCEAU CHOISI PAR L'AUTEUR PIERRE KOBEL POUR SON SITE
La solidarité entre auteurs est un bien précieux qui rend visible ce fil de lumière intérieure qui relie les êtres. C'est tellement rare...
Grâce à Maggy de Coster, qui m'a présenté l'éditeur Editions unicité -François Mocaër- , l'un de mes recueils de poésie "Le jardin des césures" et "Journal de cendres" ont pu être publiés.
Au-delà de la publication, la circulation des mots ou des vers est ce qui rend vivant un travail...
Hier, les mots d'Amélie Nothomb...
Aujourd'hui, je dis un très grand merci à l'auteur Pierre Kobel d'avoir été un passeur de mots, "hors-champ" des ses propres pages.
samedi 22 mars 2025
GOLEM - TEXTE ET MISE EN SCÈNE, AMOS GITAÏ (au théâtre de la Colline)
Lever de rideau. Les lumières de la salle restent allumées. Sur scène, une harpe, une voix, un chant, une femme vêtue de noir, une langue que l’on croyait éteinte.
La soliste quitte la scène. Baisser de rideau. Un écran glisse lentement. Un voile sépare les mondes. Le public est plongé dans l’obscurité. Des images en noir et blanc enduisent ce voile d’une indicible noirceur. Autrefois, les pogroms.
Derrière cet écran, on entrevoit des silhouettes en mouvement. Elles sont sur scène. Superposition des temps, des espaces et des arts. Le théâtre. Le cinéma. Une chorégraphie des douleurs. Nous sommes sur un seuil. Si fragiles, les lisières.
Lever de rideau. « L’écran-tulle » disparait, emportant avec lui les images mémorielles. Les silhouettes entrevues deviennent des êtres de chair. Pas encore des personnages ; mais des présences. Des hommes et des femmes. Des conteurs.
Ils sont là pour nous raconter une histoire, celle du Golem. Cette créature d’argile issue des textes kabbalistiques, façonnée par l’imaginaire pour protéger les communautés juives, autrefois persécutées. Un fantôme protecteur. Un rempart d’argile.
Une pluie de vêtements s’abat soudainement sur toutes ces présences. Ces monticules de tissus vont devenir des costumes, un décor mouvant, que chacun va porter pour se protéger, se dissimuler ou devenir un autre.
Subtile et discrète mise en scène des corps. Pendant que les uns fouillent dans cet amas de vêtements, se griment, se transforment et se préparent à devenir un personnage, les autres jouent une scène que le conteur a amorcée.
L’histoire du Golem se raconte dans un mouvement perpétuel des êtres, des voix, des chants yiddishs, des langues vivantes ou mortes ; le tout ponctué d’une partition musicale. Sur scène, les musiciens jouent leur propre rôle.
Les pages du grand livre dans lesquelles le Golem s’est incarné se métamorphosent au fil du récit. Les conteurs finissent par devenir de vrais personnages et les scènes jouées semblent sorties des pages arrachées de ce livre. Sur l’une d’elle, le Golem apparaît, façonné sous nos yeux par les mains du rabbin. La terre fait corps avec l’esprit, la souffrance avec l’espérance. Croire pour survivre.
Le Golem devient une « réalité imaginaire » dans le cauchemar du réel humain. Rempart protecteur, il ne dit rien. Naître et obéir. Premiers pas de l’être d’argile dans le monde des hommes.
À mi-hauteur, un autre décor est suspendu. Un arbre, des façades de maisons, sous lesquels les corps vont s’enduire de cette même matière que celle qui a façonné le Golem.
Dans cet enchevêtrement, des panneaux glissent sur la scène. Morceaux de murs peints ou fragments de toiles inachevées ? Les corps d’argile fusionnent avec ce nouveau décor qui soudainement s’enflamme. La scène est recouverte de flammes éparses, projetées sur ces panneaux et sur ces corps d’argile qui nous murmurent… Autrefois, les pogroms.
Lorsque ce brasier s’éteint, le temps redevient autre. Les personnages se regroupent et se retrouvent assis sur le tas de vêtements qu’ils ont rassemblés. Le Golem est là, lui aussi.
Et à tour de rôle, les personnages/conteurs/acteurs/êtres humains, viennent sur le devant de la scène. Chacun se présente avec son vrai nom et raconte brièvement un fragment de son histoire en évoquant parfois ses multiples origines. À cet instant, ils ne sont plus personnages ou conteurs, mais « eux-mêmes ». Un acteur, face à son public qui ne raconte plus l’histoire du Golem, mais sa propre histoire.
Lorsque l’on quitte le théâtre, l’aventure humaine continue. On emporte avec nous toutes ces présences, réelles ou fictives, et cette terre argileuse où le Golem a laissé en nous un grand moment de théâtre.
Le Golem est désormais en chacun. Une majorité ne parle pas Yiddish, mais cette langue devient soudainement la nôtre ; nous renvoyant aux mots d’Isaac Bashevis Singer « (…) j’aime les histoires de fantômes, et rien ne va mieux aux fantômes qu’une langue qui se meurt. Plus la langue est morte, plus le fantôme est vivant. »
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vendredi 21 février 2025
"THE BRUTALIST", UN FILM DE BRADY CORBET
Une entrée dans l'obscurité. Des pas illusoires vers la lumière. La création comme planche de salut. L'est-elle vraiment ? Des plans serrés. Une lumière qui laisse toute sa part à l'ombre. Un corps à corps avec le réel et des temporalités. Un montage où les temps se dissolvent dans l'instant et la matière, dans la souffrance constante des chairs et du souvenir.
Le protagoniste, interprété par le génial Adrien Brody, est revenu de l'enfer des camps dans une quête d'éternité créative, comme unique moyen de survie. Où est-ce que "tout cela" conduit ?
Quand un jeune cinéaste américain, en l'occurrence Brady Corbet, nous montre le revers de la médaille du "rêve américain" dans un temps d'après-guerre, revisité dans la matière brute d'une œuvre monumentale qui se construit sous nos yeux, nous avons l'impression que ce qui s'éteignait sur ce territoire reprend vie, là où on ne l'attendait pas.
L'art, comme une trace mémorielle, qui ne sera pas perçue comme telle dans un monde où les rêves se fabriquent à partir des apparences et de "la planche à billet vert".
Il y a tant d'autres choses à dire sur cette fresque vertigineuse. Le montage partition (image et son), les plans au couteau ou comme une valse infinie ; la façon de filmer au plus près, parfois à distance, comme un contrechamp qui donnerait l'illusion de quelques ouvertures... Oui, il y a tant à dire…
Ça commence dès le générique début à l'horizontal, qui bien sûr « n’ouvre pas » le film. Quant au générique final, il devient une spirale infernale qui laisse la place à la musique, comme un vieux disque qui tournerait à l'infini. Dans le vide ? Pour la mémoire ?
Mais entre le début et la fin... Il y a 3h35 qui passent à une vitesse... Presque trop court. La seule longueur (et quel dommage) l'entracte de 15'.
Une fresque à voir absolument. Pour l'amour de l'art. Pour la force salvatrice de la mémoire. Une mémoire qui nous rappelle que l'idée de « liberté » n'est pas là où on nous l’avait « dessinée ». On avait beau le savoir. Il est important de le rappeler en ces temps.
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« (…) dès que l’on commence à écrire, tout devient fiction. » (Brady Corbet - Extrait de son interview - Cahiers du Cinéma, février 2025)
À la lecture de cette phrase, j’entends soudainement d’autres mots. Ils surgissent en écho, comme une interrogation, l’extension d’un imaginaire… « Dès que l’on commence à être, tout devient-il fiction ? » Notre mise au monde serait-elle une fiction ? Un mauvais rêve ? ... Jusqu’à cet instant où la douleur… insoutenable.
Insoutenable le réel. Avoir la force de l’imaginaire à incarner de nouveaux mondes. L’imagination ne fait-elle pas corps avec le réel ? Ne provient-elle pas de l’esprit ? Cette part invisible de notre réalité ?
D’où viennent ces choses que nous inventons ? Mémoires oubliées ? Endormies ? Souvenirs éteints de temps millénaires ?
S’éveillent des fragments de l’histoire de l’humanité en nos chairs vivantes.
Nous ne les avons pourtant pas vécus, tous ces souvenirs ; et pourtant, ils sont là, en nous.
Insondable besoin d’un ailleurs. Transcender le réel, comme une nécessité.
Mais pourquoi ce réel, qui nous accueille, n’est-il pas à la hauteur de nos espérances ? Que lui manque-t-il pour que nous fassions appel à notre imaginaire ? Et quelle est la nature de cette force qui nous pousse à la création pour tenter d’exister ? Survivre. Vivre.
Être mis au monde et s’évaporer.
L’art pour tenter de vivre. L’art pour oublier le pire du réel.
Demeure la page blanche qui accueille. Demeure la page blanche qui efface.
Que s’est-il passé entre le premier cri et le dernier souffle ?
Générique début. Générique fin.
Il était une fois, la vie. Et sans en savoir plus, clap de fin.
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mercredi 19 février 2025
SOIRÉE LECTURES ET DEDICACES - "JOURNAL DE CENDRES" LE 27. 2. 2025 à19h30 À LA LIBRAIRIE - CAFÉ : L'OURS ET LA VIEILLE GRILLE (PARIS - 75005)
Je serai ravie de vous retrouver, lors de cette soirée, au cours de laquelle trois auteurs des Éditions Unicité - François Mocaër, présenteront leurs livres.
Pour ma part, j'aurai le plaisir d'évoquer "Journal de cendres" dont quelques extraits seront lus par la romancière, poète et artiste peintre, Colette Klein.
Venez nombreux. Les auteurs ont besoin de votre belle présence.🌹