mercredi 11 décembre 2024

LA LETTRE D'AMÉLIE NOTHOMB, APRÈS AVOIR LU "JOURNAL DE CENDRES"

 



Mi-octobre, je recevais une lettre... Je ne comprenais pas comment son auteur avait eu mon livre... En appelant une amie dont le nom était mentionné (mon seul indice), le mystère fut résolu. Cette amie avait envoyé mon livre à Amélie Nothomb, sans la connaître. 48h après, je recevais sa lettre !! Elle figure désormais en bandeau, (avec l'accord de l'auteur), aussitôt donné à mon éditeur François Mocaër - Éditions Unicité. 

dimanche 8 décembre 2024

TOTALITARISMES ET TOUS LES "ISMES"

« Pire que le bruit des bottes, le silence des pantoufles ». Ces mots de Max Frisch, hérités du passé. 

 

Aujourd’hui, le « pas de vagues » étouffe les gorges silencieuses. Le « pas de vagues » est porteur de cette lame de fond qui finit un jour par tout emporter sans distinction. Les silencieux, comme les courageux. 

 

Cette lame de fond est la grande faucheuse de l’histoire humaine, qui pour se sauver, clame le mot « liberté » tel un bouclier. Mais aux premiers cris des tribuns, ces mêmes humains sont enclins à la sacrifier.

 

Résurgence des passés, le tribun crie comme un nouveau-né ; prêt à s’emparer du pouvoir dans lequel il projette sa silhouette sculptée dans le marbre de la grande histoire. 

 

Le peuple semble avoir oublié le passé. Le peuple lui sert de marchepied. Et lorsqu’il aura triomphé, le faussaire n’hésitera pas à les bâillonner. 

 

Une nouvelle fois, le peuple a voté. Une nouvelle fois, il est berné.  

 

La porte est grande ouverte… s’infiltrent tous les « ismes » et tous les « istes ». 

 

Vaincre le totalitarisme. Légitime combat. Mais le plus souvent pour y parvenir, les tribuns populistes emploient les mêmes méthodes que celles qu’ils dénoncent du camp adverse. 

 

Radicalité des extrêmes. Opacité des alliances. Pour faire passer leurs idées ou toutes celles qu’ils n’ont pas, ils font monter les enchères du clientélisme ; quitte à devenir les complices des pires « istes ». 

 

Que sont devenues la République, l’école laïque, la liberté d’expression, l’universalité des esprits qui laissaient la place à tous dans le grand amphi de la cité partagée ?

 

Autrefois, on se battait pour les minorités. Les mêmes droits pour tous. 

Aujourd’hui, commence l’ère tribale, qui au nom des libertés, tombe dans les pires excès. 

 

Autrefois, la libre création. Aujourd’hui, régression. 

 

Censure. Autocensure. On est pointé du doigt, dès que l’on s’insurge des abus d’un groupe, d’une minorité, de ceux d’une communauté. Amalgames assurés. L’ère victimaire semble triompher. 

 

Pour les calmer, de singuliers dédommagements leurs sont donnés et deviennent pour tous des critères prioritaires d’éligibilité : cases cochées, quotas assurés. Autrefois, le contenu.

 

Danger de mort. Les cibles sont désignées. Les plus courageux, ceux qui ont osé parler, analyser, alerter, vivent désormais sous protection policière. Pas la moindre solidarité d’un élan populaire pour les sortir de cette souricière. 

 

Les enchères du clientélisme deviennent le seul programme des politiques, qui à l’instar des valeurs boursières, ont un même objectif. Le pouvoir… à n’importe quel prix.

 

Et l’histoire devient des pages que l’on déchire sous le joug d’un entrisme ; le confluent de nombreux « istes ».

 

Et les heures les plus sombres reviennent à la surface du monde, de notre monde. 

 

Autrefois, les idées. Autrefois, les débats.

Aujourd’hui, idéologies meurtrières, populismes sans frontière. 

 

Les uns vocifèrent l’ère révolutionnaire, les autres, dans l’ombre de leur vernis, préparent l’ère réactionnaire.

 

Autrefois, la terreur. Aujourd’hui, la terreur… Catharsis des temps nouveaux pour justifier tous les « ismes », déclinés à l’infini. 

 

Autrefois, les pantoufles.

Aujourd’hui, « le pas de vagues ». 

 

*****

dimanche 29 septembre 2024

MEGALOPOLIS, UN FILM DE FRANCIS FORD COPPOLA

« Megalopolis » est un choc cinématographique. Une rupture avec le connu. Un labyrinthe dans lequel on ne peut se perdre car… comme Alice a suivi le lapin blanc, il nous suffit de suivre le fil de cette narration, aux multiples fragments et ramifications, qui nous transporte dans un temps non linéaire. 

 

Le montage est une partition fragmentée qui raccorde les temps de diverses époques. Vertigineuse fusion, une à une elles se répondent en miroir. Éclats de verre brisé… Depuis l’Antiquité, il semblerait qu’il n’y ait toujours rien de nouveau sous le soleil. 

 

L’histoire est assez claire. L’être humain a beau changer de décor et d’époque, il reproduit sempiternellement la même histoire décadente de lui-même, se pose les mêmes questions, commet les mêmes erreurs et retombe dans les mêmes pièges. 

 

Malgré son évolution, l’homme n’a pas fait de grands pas en lui-même, hormis celui qui l’a conduit à l’art et à la création. Ce pas fut un premier saut dans l’inconnu.  

 

« Megalopolis » nous offre un magistral éventail de toutes ces traversées créatives que furent, entre autres, les arts, la littérature, le théâtre et le cinéma. Si toutes ces explorations n’ont pas répondu au mystère de l’être, elles ont peu à peu transformé le monde et arrêté le temps en figeant la matière ; à l’instar du protagoniste, César Catilina, artiste de génie, interprété par Adam Driver.  

 

Pour Coppola, « le premier homme qui a peint des animaux dans une grotte a arrêté le temps ».

L’art est aussi pour lui un moyen d’explorer un peu plus profondément la conscience humaine en dépassant ses propres limites. « Nous sommes illimités, il n’est rien que notre créativité ne puisse accomplir »

 

Ce film est un hymne à la création, à la liberté ; à y percevoir un encouragement à la « sédition créative », afin que la création redevienne un espace sans limite, émancipée des règles et des dogmes qui l’enferment et la formatent. Dépasser, transcender les mondes, s’émanciper du connu et de tout ce qui rassure… Peut-être la voie vers un avenir meilleur ?

 

Coppola dira lors d’une interview qu’« Hollywood est devenu une chaîne de fast-food (…) L’art est tout l’inverse. » 

 

C’est dans cette quête créative que le cinéaste entraîne son personnage, César Catilina. L’homme aux multiples visages, porté par ses addictions, hanté par ses fantômes et son désir de transformer le monde contre vents et marées.

 

Magnifique moment cinématographique que celui où César traverse cette « frontière » qui sépare les morts des vivants pour rejoindre sa femme défunte et tresse ses cheveux dans le vide, après lui avoir offert de « vraies » fleurs. Sur le chemin qui le conduit à ces retrouvailles particulières, un fleuriste est magiquement apparu comme un rêve dans le rêve.  

 

S’échapper du réel en faisant de son esprit la scène onirique d’un temps révolu et de la création une passerelle vers l’immortalité… Un écho à cette terrible réalité qui a bouleversé la vie du cinéaste. Le film est dédié à sa femme, récemment décédée.

 

La magie du cinéma comme une catharsis où les fantômes du réel deviennent des corps pelliculaires. 

 

« Megapolis » est aussi une ode à l’amour. Quand l’égotique nature humaine se noie dans la luxure, les jeux, l’illusion du pouvoir et de l’argent, l’authenticité d’un cœur peut tout changer et redonner son centre de gravité à l’humain. 

 

La scène où Julia Cicero, un bouquet à la main, rejoint César Catilina sur les poutres métalliques d’un immeuble, suspendues dans le vide, est d’une incroyable beauté. Elle donne une troublante impression d’être le contrechamp « à retardement » de la scène de la défunte épouse ; faisant basculer le film dans un autre temps. 

 

Mais rien n’est simple pour que les temps soient « raccordés ». Julia Cicero, interprétée par Nathalie Emmanuel, est très attachée à son père, le maire conservateur, ennemi de César, interprété par Giancarlo Esposito ; tout en étant amoureuse de l’insaisissable artiste qui veut transformer la ville de son père.

 

« Megalopolis » nous conduit dans le labyrinthe de l’âme humaine où l’on perd la trace du réel et de l’illusion. Ces mondes confondus sont-ils des réalités ? Des élucubrations de l’imaginaire ? Et le temps ? Une invention de l’esprit humain, comme ces dieux dont il a besoin ? « Dieu a-t-il créé les humains ou ceux-ci l’ont-ils créé dans leur esprit » s’interroge à plusieurs reprises César Catilina. 

 

À Megalopolis le temps s’est effectivement arrêté. L’histoire se regarde du haut de ce promontoire où l’imaginaire s’empare du réel, jusqu’à ce point de non-retour où il franchit le seuil de l’inconnu. Vers un avenir meilleur ?

 

Ce film, qui parle du temps, le fige en nos mémoires de façon parcellaire, à nous donner l’envie de le rembobiner et de revoir la subtile partition de ce montage dont le rythme prestissimo nous entraine dans le tourbillon de l’infinie profondeur de l’être.

 

S’émanciper du connu, des codes et des règles ; c’est ce qu’a fait Francis Ford Coppola en réalisant ce chef-d’œuvre dont aucun système hollywoodien ne voulait. Un saut dans le vide. Une mise en danger financière et créative. L’audace d’un pas libre, intemporel… comme un éveil.

 

 

 

*****

mardi 10 septembre 2024

"Journal de cendres"... Une publication... des pas vers l'inconnu !

Pour certains, ce n'est jamais facile de "s'offrir au monde"... Alors que pour d'autres... C'est la "routine". Pourquoi écrire dit la conscience silencieuse ? Imparable force persuasive... C'est publié... Nul autre choix que d'y aller. Alors voici quelques pages. Le reste... désormais disponible sur le site de l'éditeur : 

http://www.editions-unicite.fr/auteurs/GAUTARD-Michele/journal-de-cendres/index.php









dimanche 1 septembre 2024

PUBLICATION DE "JOURNAL DE CENDRES " vers la mi-septembre 2024


En attendant… quelques photos et la note de l’éditeur 

La publication d'une oeuvre est cet instant de rupture où les mots s'incarnent vers un ailleurs.


Sur ces pages-là... Le stylo définitivement posé. 


Sarcophage des mondes intérieurs

Qu’est-ce qu’un journal ?

 

Papillon de la nuit
Le jour n'emporte pas toujours…

 

 







dimanche 10 mars 2024

"LES CARNETS DE SIEGFRIED", UN FILM DE TERENCE DAVIES

Carnet de vie. Carnet de mort. Le corps traverse l’histoire. Le corps victime de l’histoire. Le corps se révolte. Le corps désire. Les temps ne sont pas propices. 

 

Ces carnets ont pour toile de fond la première guerre mondiale et le spectre de la seconde. Cette grande histoire collective que quelques-uns décident pour l’ensemble… Mutilation des destins. Désobéir, refuser de cautionner cette boucherie. Ces carnets, d’une histoire individuelle, sont des pages ouvertes sur toutes ces questions. Des pages sur lesquelles le traumatisme mortifère de la guerre donne singulièrement vie à la poésie. 

 

« Les carnets de Siegfried » sont ceux d’un poète britannique oublié, Siegfried Sassoon, devenu objecteur de conscience, après être revenu du front lors de la guerre de 1914 ; révolté et traumatisé par tous ces corps emportés, le plus souvent dans la fleur de l’âge. 

 

Corps sacrifiés avant d’avoir pu vivre le temps de l’amour et des plaisirs. Quant aux survivants, ils ne sont que chairs brisées, mutilées, esprits torturés. Les morts vivants de temps qui ne sont plus les leurs. La guerre annexe les chairs et meurtrit l’âme. 

 

Chair à canon. Chair regorgeant de désirs. La partition de cette survie s’inscrit sur les pages du carnet du poète où les vers et le sexe deviennent des lucarnes lumineuses, parfois elles aussi douloureuses. 

 

Le cinéaste Terence Davies, alterne les temps et les époques et parfois les superpose dans la grâce d’un montage pelliculaire où des images en noir et blanc, évoquant le front, répondent magnifiquement aux images en couleur, incarnant les guerres intérieures de ce jeune poète.

 

Jugé par sa hiérarchie, protégé par les siens, lui évitant la cour martiale, il sera un temps envoyé en hôpital psychiatrique. Il y rencontrera un médecin à l’écoute, par moments étrangement miroir apaisant. Il y fera surtout la rencontre du jeune poète Wilfred Owen dont il tombera amoureux. 

 

Les chairs aiment la vie, le sexe et la poésie, mais la guerre sépare les corps et ne laisse pas le temps à l’amour d’être pleinement vécu. Demeurent la douleur et les vers. 

 

À travers l’histoire de ce poète oublié, cet ultime film de Terence Davies, mort à l’automne 2023, nous offre la résurrection d’un passé, tel un héritage testamentaire. 

 

Bien au-delà du miroir contemporain que nous tend Terence Davies, cet ultime film est une magnifique partition cinématographique. Une création mémorielle qui redonne à la poésie, au désir et à l’amour, tout ce que l’horreur des guerres ôte à l’humain. 


*****

 

samedi 27 janvier 2024

POÉSIE, J'ÉCRIS TON NOM

Poésie, j’écris ton nom

Car je lis partout

 

Propriété privée

 

Poésie, j’écris ton nom

Car dans le silence des espaces blancs

S’échappent des cris d’autres temps

 

Certains t’étiquettent sur leurs manchettes

Et machette à la main

S’autoproclament

Cerbères de tes vers

 

Zone occupée

Temps indéterminé

 

Excommuniés

Tous ceux qui ne sont pas 

 

Et pourtant

De la prose aux mains sales

Les vers en ont vu d’autres

 

Poésie, j’écris ton nom

Car à l’instar du soleil

Tu éclaires sans distinction

Le palais des merveilles

Le caniveau recouvert d’excréments

 

Poésie, j’écris ton nom

Car des tribunaux d’anciens temps 

Sont érigés en ce nom

 

Quand le mirage de l’entre-soi 

Altère les plus nobles causes

L’ère tribale devient cannibale

 

Mais tout cela

Oui, tout cela

Ce n’est plus toi

 

Tout cela

Oui, tout cela

Ne te ressemble pas

vendredi 26 janvier 2024

"THE ZONE OF INTEREST", UN FILM DE JONATHAN GLAZER

Le film de Jonathan Glazer « The Zone of interest » (La Zone d’intérêt) est un choc cinématographique. Ce chef-d’œuvre, d’une puissance « sourde », nous propulse dans le périmètre d’un espace clos où le hors-champ deviendra « visible » grâce à la bande son.  

 

Là où Hannah Arendt parle de « banalité du mal », Jonathan Glazer, lui, filme la banalité d’un quotidien dans la matrice et les viscères de ce même mal.

 

Le quatrième long-métrage de ce cinéaste, bien trop rare, nous conduit de l’autre côté du mur du camp d’Auschwitz, dans l’enceinte quotidienne de la demeure où vit Rudolph Höss avec sa famille.

 

Tout ce qui se passe de l’autre côté de ce mur gris, réhaussé de fils barbelés, restera hors-champ. Ne seront visibles à l’image que le faîte des baraquements jalonnant ce mur et une cheminée. La caméra restera d’un seul côté du mur, celui où le quotidien de la famille Höss va se dérouler dans l’indifférence de l’horreur qui l’entoure. Seule la fumée viendra par intermittence « troubler » la quiétude des lieux. 

 

Dès le générique début nous pénétrons dans une zone grise. Lorsque s’inscrit le titre du film, les lettres qui le composent sont peu à peu absorbées par un fond gris, jusqu’à leur effacement total ; nous laissant face à cette couleur dont l’unique présence envahit l’écran un temps qui semble infini.

 

Césure. Le premier plan s’ouvre sur l’univers bucolique de la famille Höss qui se prélasse au bord de l’eau. La bande son est minimale, laissant la pleine place à une image silencieuse. 

 

Chaque plan va peu à peu nous renvoyer l’atmosphère d’une vie programmée dans la méticulosité d’un quotidien où Hedwig, la femme de Höss, interprétée par Sandra Hüller, va régner sur « son Éden », comme elle qualifiera leur demeure, pendant que son époux règne en maître bourreau sur le camp d’Auschwitz.

 

L’image a beau ne rien nous montrer de ce camp, le diable est dans les détails. Et certains renvoient symboliquement à tout ce qui se passe de l’autre côté du mur. Il y a notamment cette piscine, qui fait la fierté du couple, et au-dessus de laquelle retombe, comme une fleur fanée, une pomme de douche. 

 

Un soir, lorsque toute la famille est couchée, le personnage de Rudolf Höss, interprété par Christian Friedel, déambule dans le jardin et referme d’un geste machinal le robinet de cette douche que quelqu’un n’a pas bien refermé. Un peu comme si rien, absolument rien, ne devait perturber l’ordre des lieux, ni troubler le sommeil de cette famille.

 

Cette piscine est aussi un marqueur temporel des saisons. L’été finit par céder sa place au plein hiver. L’eau du bassin est gelée. Les enfants jouent avec la neige. L’un d’eux évoque sa bravoure d’avoir affronté ce froid pour le simple plaisir de jouer avec cette neige qu’il aime tant. Si rien d’autre n’est dit, tout est dit par cette image qui parle d’elle-même. D’instinct, cette neige, ce froid, la glace, nous propulsent implicitement de l’autre côté du mur.

 

Si le jour, Hedwig Höss règne en maîtresse de maison sur cette demeure, la nuit, le maître et bourreau des lieux, en devient l’unique protecteur.

 

Une scène en souligne le mécanisme pathologique, lorsqu’à la nuit tombée Höss éteint une à une les lumières de chaque pièce, alors que tous dorment. Tout le temps que va durer cette scène, la caméra restera à l’extérieur, filmant en plan fixe la façade de cette demeure dont la vision intérieure n’est visible que par les ouvertures que laisse entrevoir chaque vitre éclairée. Dans le périmètre de ce plan fixe, un seul mouvement, lent, rituélique, celui de Höss se déplaçant d’une pièce à l’autre, jusqu’à cette montée d’escalier le conduisant à sa chambre, où il finira par éteindre une ultime lumière… Fondu au noir sur la nuit sombre d’Auschwitz.

 

Une autre nuit, on le suivra dans un mouvement névrotique similaire, cette fois à l’intérieur de la maison où il refermera méticuleusement un à un tous les verrous de chacune des portes menant vers l’extérieur ; inversant ainsi dans son propre espace, la notion de menace et de danger.

 

Ce film nous conduit au cœur d’un univers totalement déshumanisé, auquel la femme de Höss non seulement contribue, mais va s’accrocher ; au point de ne pas suivre son mari le temps de sa mutation provisoire. Ce seul temps, sera celui où la caméra suivra Höss dans un espace extérieur à sa demeure familiale. 

 

Cette atmosphère terrifiante de déshumanisation du couple Höss est un mal qui semble avoir contaminé l’ensemble de la famille. Les dents d’or qu’ausculte l’aîné avec une lampe de poche, la nuit dans son lit, est une scène aussi glaçante et déconcertante que cette autre scène où l’un de ses jeunes frères, dérangé dans son jeu par ce qu’il entend à l’extérieur, s’approche de la fenêtre de sa chambre et finit par marmoner mécaniquement sa propre sentence sur ce que lui renvoient en son imaginaire, les sons et cris qui proviennent du camp. Il retournera à son jeu, comme si ce qui se passait de l’autre côté du mur en faisait partie !

 

Jonathan Glazer plante sa caméra au cœur d’une plaie, celle d’un mal que l’on croyait avoir vaincu. Mais en ces temps, où le populisme se banalise, où certains réécrivent l’histoire, à faire fi du travail de mémoire, de nouveaux murs s’érigent. Et les plaies s’ouvrent une à une. Demeure la puissance mémorielle de la création… comme un baume.

 

 

*****